Origines historiques et fonctions des tests psychologiques

Origines historiques

Publié le : 26 mars 201811 mins de lecture

Psychométrie :  Psycho = psychologie

Métrie  : Mesure de certains phénomènes psychologiques.

A. Développement des tests au XIXème siècle

Il y avait une confusion entre idiotisme et folie (démence) par les médecins.

Jean Esquirol, 1838 :  Il fait la distinction entre incapacité mentale et maladie mentale.

Il fait remarquer que les idiots ne développent jamais leurs capacités intellectuelles, alors que les personnes aliénées perdent ces capacités.

Il développe des méthodes pour différencier les déficiences des maladies par des évaluations physiques et des modèles de langage. Ces méthodes sont issues de l’observation : ce sont les premiers tests mentaux (grossiers mais efficaces).

L’intérêt pour l’intelligence et pour l’évaluation de l’intelligence s’est développé à la fin du XIXème siècle :

Weber et Fechner : Développement de la psychophysique.

Francis Galton : Premières études statistiques initiées sur les capacités mentales.

1. En Angleterre

F. Galton : Il est considéré comme étant le créateur du mouvement des tests.

Il est à l’origine de la régression à la moyenne et de la corrélation.

Il élabore 2 concepts importants : l’étude de l’intelligence d’un point de vue développemental (prise en compte du temps) et l’étude des relations entre différentes mesures.

1869 : “Hereditary genius” dans lequel il analyse statistiquement des caractéristiques mentales.

Il porte un intérêt pour les différences interindividuelles. Il veut comprendre pourquoi, dans une famille, on peut se ressembler sur certains points. Il a déduit qu’il y avait des familles plus intelligentes que d’autres.

1883 : “Investigations des facultés humaines” dans lequel il expose les problèmes liés à la mesure des caractéristiques mentales.

1884 : Création du 1er laboratoire de psychométrie. Il pensait que la connaissance de l’environnement s’effectuait grâce aux sens, mais que les sujets les plus intelligents montraient de meilleures capacités de discrimination sensorielle (croyance). Ce laboratoire est ouvert au public. On y effectuait des mesures des capacités physiques et mentales.

Il développe des tests de discrimination sensorielle et de coordination motrice pour étudier le fonctionnement mental (cette hypothèse a été démontrée comme étant non valide).

Exemple de tests : discrimination visuelle de la longueur (barres) ; discrimination auditive (niveau d’un son) ; discrimination d’une série de poids ; force des mouvements ; rapidité des réactions simples.

Il a créé les premiers tests de personnalité.

Il pratique des études sur les différences individuelles et entre les groupes. Il fait une application intensive des questionnaires.

Pearson :  C’est l’ami et le biographe de Galton.

Il est professeur de mathématiques et de mécanique.

Il est très actif dans les champs de l’eugénisme, de l’anthropologie et de la psychologie.

Il utilise les premiers travaux de Galton sur la corrélation et crée la corrélation linéaire (R), la corrélation multiple R et le .

2. Aux Etats-Unis

Cattell : Elève de Wundt dans le premier laboratoire d’Allemagne. Wundt croyait que l’objectif de la psychologie était l’analyse du contenu de la conscience. Il se centrait sur l’étude de l’expérience immédiate par l’auto observation et l’introspection.

Il quitte Wundt et adhère aux idée de Galton : il fait des études des différences individuelles dans le comportement.

Aux Etats-Unis, il expose les idées de Galton.

1890 : Dans la revue “Mind”, Cattell utilise pour la première fois le terme de “test mental”.

Il travaille sur la définition de mesures. Il effectue 50 mesures différentes sur des capacités motrices et sensorielles (qui diffèrent de celles décrites par Galton).

1891 : Développement des laboratoires : formation d’étudiants.

Tests de Cattell : pression sur un dynamomètre ; taux de mouvements ; champ de sensations ; différence notable la plus petite entre deux poids ; temps de réaction pour un son ; temps pour nommer des couleurs ; jugement d’un temps de 10 secondes ; nombre de lettres rappelées…

Il utilise ces tests pour la formation des gens et pour les évaluations lors des diagnostics.

Hugo Munsterberger & Joseph Fechner : Ils tiennent un stand à la foire de Chicago.

Ils y pratiquent des mesures de capacités mentales et font des comparaisons des gens entre eux : c’est l’anthropométrie mentale.

Pendant les années 1890 :

Franz Boas :  Il travaille sur les enfants (réponses à différents types de tests).

Il étudie la validité de sa mesure (c’est une première).

Gilbert :

Il fait des études avec les tests sensorimoteurs.

Il étudie la validité de ses tests. Seuls deux tests différencient les enfants brillants des enfants moins brillants : le niveau de tapping et le jugement de la longueur d’une distance.

Clark Wissler :          C’est un élève de Cattell.

Il pose la question de la validité.

Il utilise des mesures soi-disant aptes à évaluer des processus mentaux.

Il utilise des étudiants pour ses tests et regarde leur réussite à l’université. Il fait des corrélations entre les notes aux différents tests. Ces corrélations sont faibles, donc les tests ne mesurent la même chose. Il fait ensuite des corrélations entre la performance aux tests et la performance scolaire. Ces corrélations sont faibles, les prédictions ne sont pas possibles. Les épreuves utilisées ne sont pas valides (c’est la première étude solide).

Stella Sharp : En 1898, elle utilise des tests identiques à ceux de Binet et Simon.

Selon elle, ces tests mesurait différentes fonctions mentales, mais les mesures n’étaient pas fidèles (variations intra individuelles).

Les travaux de Sharp et de Wissler amènent à constater que le champ des fonctions mentales n’est pas un champ fécond à la mesure.

3. En Allemagne

Cinq chercheurs ont contribué à développer la mesure.

Emile Kraepelin :      Champ de la psychopathologie.

Il veut mettre au point des tests complexes de perception, de mémorisation, de motricité et d’attention. Ces tests sont fondés sur des situations de la vie quotidienne.

C’est un élève de Wundt : il pratique l’introspection, mais il défend aussi l’idée que la mesure est nécessaire.

Pour un même sujet, il fait plusieurs mesures pour un même test. C’est un enrichissement de la psychologie. L’objectif de Kraepelin est de réduire la variation.

Munsterberg :           Il développe des tests pour les enfants.

Il met au point des tests sur la perception, la mémorisation, la lecture et l’information.

Ebbinghaus : Il développe des tests de mémoire, de calcul et de complètement de phrases.

Il fait des évaluations sur des enfants scolarisés.

Il crée des tests collectifs qu’on passe en classe. Il prend en compte le temps (il donne 5 minutes). Ces tests sont développés pour venir en aide aux problèmes pédagogiques en Allemagne.

Carl Wernicke :        Il travaille sur les aires cérébrales.

Il développe un ensemble de questions pour détecter le retard mental.

Il pratique des investigations sur les localisations cérébrales.

Ziehen : Il s’intéresse à la généralisation (“Qu’il a-t-il de commun entre un aigle, un canard et une oie ?”).

4. En France

Alfred Binet, Victor Henri et Théodore Simon.

Ils développent différentes méthodes pour une variété de fonctions mentales. Ils pensaient que pour évaluer l’intelligence, on devait de fonder sur des processus supérieurs et non pas sur les fonctions perceptives.

L’échelle de Binet – Simon (1905) est réalisée à la demande du ministère de l’Education Nationale. Mais cette échelle n’est pas nouvelle car les questions avaient déjà été utilisées dans d’autres travaux. Cette échelle est le premier test d’intelligence pratique.

Les questions étaient classées par ordre de difficulté et étaient accompagnées d’instructions précises de passation pour une standardisation de la passation.

Ce test reflète un certain rapport entre le développement et l’âge réel de l’enfant. Au départ, il avait pour fonction de diagnostiquer le retard mental. L’échelle est révisée en 1908 et en 1911 (modification du contenu des questions et de l’âge du sujet).

5. Commentaires sur le développement des tests au XIXème siècle

Le développement du champ s’est fait de façon différente d’un pays à l’autre.

Les anglais se sont centrés sur les mesures sensorielles et physiques et sur les concepts statistiques.

Les américains se sont centrés sur les méthodes statistiques pour le traitement des données de tests et sur les idées de développement de Binet grâce à Sharp.

Les allemands vont insister sur l’étude de la psychopathologie et se centrent sur les études des fonctions mentales complexes.

Les français partent de l’observation et se concentrent sur une explication clinique pour construire leur échelle.

Les constructeurs de tests ont des raisons différentes pour construire des tests.

L’objectif de Galton et de Pearson est d’évaluer les ressemblances familiales (hérédité des capacités mentales). Celui de Cattell est de trouver des différences individuelles dans le comportement : des variations existeraient entre les individus. Binet veut déterminer des niveaux de fonctionnement  mental parmi les enfants et les jeunes adultes.

La période de 1880 à 1905 est celle des laboratoires d’évaluations mentales.

La psychologie élabore des principes fondamentaux et étudie les différences individuelles. La psychologie de laboratoire permet de régler des problèmes pratiques : c’est la racine de la psychologie appliquée.

Ces mesures ne permettaient pas de prédire de façon satisfaisante la réussite scolaire et les autres aspects du fonctionnement intellectuel.

La démarche de Cattell a contribué à l’évaluation des capacités mentales en dehors de du champ de la philosophie. Il a montré que les capacités mentales pouvaient être étudiées expérimentalement et pratiquement.

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