Comment les couples homosexuels élèveront-ils leurs enfants ?

Publié le : 21 septembre 20209 mins de lecture

Au milieu des années 70 du siècle dernier, l’American Psychiatric Association et l’American Psychological Association ont retiré l’homosexualité de la liste des troubles mentaux, un processus qui s’est en fait terminé à la fin des années 80. En 1990, c’est l’Organisation mondiale de la santé qui, à son tour, a retiré l’homosexualité de la liste des maladies. La raison de ce choix est qu’il n’y a pas de preuve que l’orientation hétérosexuelle soit associée à un malaise psychologique ou à des troubles mentaux.

Si l’on se concentre sur les familles, dont les parents et les enfants, on constate que l’homosexualité est souvent mal tolérée, et c’est une condition qui suscite parfois l’indignation de l’opinion publique. Le principal préjugé est la croyance que les enfants de parents sont plus susceptibles de développer des troubles psychologiques et d’être limités dans le développement de leur identité de genre. La croyance qui sous-tend ce préjugé est que la santé mentale de l’enfant est essentielle pour avoir des parents hétérosexuels.

Mais est-ce vraiment le cas ? Pour répondre à cela, nous devons donner la parole aux nombreuses études qui ont été réalisées, en les laissant nous éclairer et déterminer nos opinions sur le sujet. Cet article présentera les résultats de certaines des recherches les plus représentatives sur le sujet.

Homogénéité : les couples homosexuels sont-ils de bons parents ?

Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Cambridge a comparé 41 familles avec des parents hétérosexuels, 40 familles avec des parents lesbiennes et 49 familles avec des parents. Les résultats ont révélé des différences entre les types de famille. Cependant, ces différences indiquent un fonctionnement plus positif dans les familles avec des parents. Les parents hétérosexuels ont montré des niveaux de dépression et de stress parental inférieurs à ceux des parents hétérosexuels. Les pères hétérosexuels ont montré plus de chaleur et plus d’interactions avec leurs enfants. En outre, ils ont fait preuve de moins d’agressivité pédagogique et de plus de sensibilité. Il n’y avait aucune différence entre les parents gays et les parents lesbiens. En ce qui concerne les enfants, les problèmes d’externalisation (colère, comportement agressif, etc.) sont plus nombreux chez les enfants de parents hétérosexuels.

Auparavant, une autre étude américaine réalisée en 2010 avait déjà constaté que les parents hétérosexuels ne différaient pas des parents hétérosexuels en ce qui concerne les compétences parentales et l’adaptation psychologique de leurs enfants.

Enfin, il convient de mentionner les résultats d’une étude approfondie, publiée en 2015 et menée sur un large échantillon de 44188 sujets. La recherche a examiné le temps passé avec les enfants dans les couples et et a constaté que dans les familles avec deux mères, le temps passé avec les enfants a augmenté de 40% par rapport aux familles avec des parents. Le temps consacré aux enfants concernait en effet les activités utiles à la bonne croissance physique et mentale de l’enfant.

En plus de celles mentionnées, de nombreuses autres études sont arrivées aux mêmes résultats. Comme le souligne l’Association américaine de psychologie dans son rapport de 2005 sur les familles homosexuelles,

Comment les enfants de parents homosexuels vont-ils grandir ?

On pourrait partir d’une revue des études sur le sujet, réalisée par certains chercheurs scandinaves. Les chercheurs concluent que, selon des recherches menées de 1978 à 2000, les enfants de parents ont un développement psychologique typique.

Les mêmes conclusions proviennent d’une étude plus récente publiée en 2008. Une étude récente menée par des chercheurs australiens sur un grand nombre de sujets a même révélé que les enfants de parents de même sexe obtiennent des scores plus élevés que diverses mesures du bien-être psychologique et de la santé générale.

Il convient toutefois de noter que grandir dans un contexte social stigmatisant ou empreint de préjugés peut nuire au développement psychologique sain d’un enfant. Cela a été confirmé par une étude comparant les enfants de couples de lesbiennes vivant aux Pays-Bas et aux États-Unis. Les enfants néerlandais avaient moins de problèmes émotionnels et semblaient plus à l’aise. Ce résultat est très probablement dû à la plus grande ouverture des Pays-Bas envers les couples. L’un des principaux arguments contre l’homogénéité concerne le risque que l’enfant grandisse avec des contraintes plus importantes sur son identité de genre. Mais est-il scientifiquement établi que les enfants de couples de même sexe sont plus susceptibles d’être homosexuels ?

En 2004, une équipe de chercheurs américains a comparé 44 adolescents de parents homosexuels et 44 adolescents de parents Les résultats indiquent que ni l’adaptation psychosociale, ni la scolarité, ni l’orientation sexuelle ne sont influencées par le sexe des parents. Cette étude confirme les résultats de nombreuses recherches antérieures, par exemple celle menée en 1996 par Golombok et Tasker sur les enfants de mères lesbiennes et celle réalisée en 1997 par Brewaeys et ses collaborateurs.

Il convient de mentionner l’étude du sociologue, qui a fait couler beaucoup d’encre. Les conclusions de l’étude, qui portait sur près de 3 000 sujets, différaient fortement de celles des études précédentes. Les enfants de couples étaient en effet plus enclins au suicide, au chômage et à la trahison. Cette recherche, qui a trouvé un large écho dans les médias et les associations anti-gays, a cependant été fortement critiquée par d’autres chercheurs pour la méthodologie utilisée, jugée inadéquate et peu crédible.

Pour donner un exemple, Regnerus avait choisi le groupe d’enfants de parents homosexuels en demandant aux enfants eux-mêmes si le père ou la mère avait déjà eu des relations avec d’autres personnes du même sexe. Si tel est le cas, la personne interrogée a rejoint le groupe des enfants de parents Il est facile de voir que ce mode de collecte de données est imparfait. Par exemple, l’échantillon comprenait des détenus qui avaient eu des relations sexuelles avec d’autres hommes en prison, ou une prostituée qui s’offrait parfois pour avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes. L’université du Texas elle-même, à laquelle appartient Regnerus, a récemment pris ses distances par rapport aux résultats du sociologue.

Conclusion

De ce bref examen, on pourrait conclure que l’opinion courante selon laquelle les enfants de parents homosexuels sont plus susceptibles de développer un malaise psychologique ou une confusion concernant l’orientation sexuelle n’est pas étayée par des données scientifiques. Les enfants de parents auront des relations avec le groupe de pairs et les adultes des deux sexes comparables à celles des enfants de couples traditionnels.

Comme le souligne également l’Académie américaine de pédiatrie, ce n’est pas l’orientation sexuelle des parents qui détermine l’adaptation psychologique de l’enfant, mais la qualité du lien parental et la disponibilité des ressources sociales et économiques. Comme on peut le voir, ces caractéristiques sont absolument transversales à l’orientation sexuelle. On savait au contraire que le bien-être des enfants de couples homosexuels peut être influencé négativement par la stigmatisation et les préjugés présents dans de nombreuses sociétés occidentales.

Afin d’approfondir le champ des études scientifiques sur l’homogénéité, je recommande la lecture du récent livre Homogénéité. Familles avec des parents gays ou lesbiennes : études et recherches.

Le texte est une revue actualisée de l’homogénéité, présentant des études quantitatives et qualitatives sur le sujet. Une lecture fondamentale, donc, pour aller au-delà des stéréotypes et des idéologies et se faire une opinion raisonnée sur ce sujet si débattu dans la société contemporaine.

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